Comment pourrions-nous nous souvenir un jour de ce gouvernement, dont la mission aurait dû prendre fin aujourd’hui ? Rappelons-le, son Premier ministre avait lui-même réclamé 100 jours de grâces au début de son mandat, et ces 100 jours sont bel et bien entamés. En principe, malgré la déclaration faisant état de la réalisation des promesses à 97% et une autre faite le même jour appréhendant une éventuelle famine au Liban, il est clair que notre situation ne peut être encore pire. Il serait après tout ingrat de blâmer le gouvernement Diab, parce que ce n’est pas ce genre, de cabinet chapeauté par les factions jurassiques libanaises qui serait à même de nous tirer de la situation inextricable dans laquelle nous nous trouvons.
Ce n’est ni le Premier ministre ni ses 19 mousquetaires, aussi bien intentionnés qu’ils soient, qui auraient pu améliorer les conditions de vie des Libanais. En fin de compte la plupart d’entre eux ne sont que les représentants fidèles des chefs de file dinosauriens – à l’exception de quelques indépendants – et n’ont qu’une infime marge de manœuvre pour mener à bien le portefeuille qui leur a été confié. Notre seul salut est un gouvernement d’experts complètement indépendant, mais ce n’est ni le moment d’en discuter, ni le sujet de cet article.
Tout compte fait, il est peut-être temps que ces vingt fassent à leur tour, partie de l’Histoire. En d’autres termes, rejoindre les figures accrochées au mur dans le Musée d’Art et d’Histoire du Liban instauré virtuellement par mes soins il y a 5 ans de cela, dans l’ancienne gare de Beyrouth.
Mais ces nouveaux venus seront classés thématiquement à part, dans une section bien précise. Cette classification n’aurait pu être réalisée sans la précieuse aide de Madame Diab qui, lors de sa première apparition télévisée, a soulevé un tollé avec ses déclarations qui ont déconcerté le public*.
Puisqu’il n’y a pas de sot métier, et que le donneur de leçon devrait lui-même commencer par donner l’exemple, c’est grâce à Madame Nouwar que l’idée des « 101 jours du cabinet Diab au service des Libanais » est né. Les politiciens ne sont-ils pas censés être au service de la nation et du peuple ? Eh bien vivement ce nouveau chapitre des mille et une nuit de la tragédie libanaise, où une vingtaine de personnes se sont affairées et nous ont promis la lune, et n’ont fini que de faire beaucoup de bruit pour rien. Bienvenue dans cette nouvelle section du Musée virtuel d’Art et d’Histoire du Liban, avec le gouvernement au service du peuple.
* Nouwar Moulawi a invité les Libanais et les Libanaises à accepter les petits métiers de concierges, pompistes ou femmes de ménage qui sont actuellement effectués par une main d’œuvre étrangère, et ceci afin de limiter les sorties d’argent vers l’étranger. Son discours a eu l’impact d’une bombe nucléaire. Au fond, Madame Diab a raison, et le contenu de son discours, aurait-il été fait lors d’un événement bien particulier, dans un cadre bien particulier, n’aurait pas suscité la réprobation collective qu’il a fait. Il n’y a certes pas de sots métiers, et l’Homo Libanicus est souvent accusé de se croire sorti de la cuisse de Jupiter, alors que la réalité est bien différente. Mais Madame Diab a oublié qu’elle demande un sacrifice de plus à un peuple abusé, dépouillé, volé, foulé par terre par une classe politique – qui a nommé son mari à son poste – directement responsable de la banqueroute et de la crise que subit le Liban, et que ce n’est pas à cette classe politique de donner des leçons mais d’être jugée pour les crimes commis contre ce peuple, afin de rendre l’argent qu’elle a subtilisée … ce qui remettrait la situation sur de bonnes rails, sans que le peuple n’ait encore à payer injustement les pots cassés …