Portrait officiel du Président de la République Béchara Khoury.
Portrait officiel du Président de la République Béchara Khoury.

Béchara el Khoury, Premier Président du Liban après son indépendance, laissera une empreinte jusqu’à aujourd’hui, notamment avec la mise en oeuvre du fameux pacte national, accord verbal conclu avec son colistier Riad el Solh et qui régit les équilibres des pouvoirs entre les différentes communautés libanaises.


L’Adversaire d’Emile Eddé

Né en 1890, ayant d’abord été scolarisé auprès des Jésuites de l’Université St Joseph, Béchara el Khoury poursuivra ses études à Paris de 1909 à 1912 avant d’entrer à l’étude d’Emile Eddé qui deviendra son plus grand adversaire sur la scène politique de l’Etat du Grand Liban sous mandat français et qui sera tout juste fondé dans les années. Il se réfugiera en Egypte durant la Première Guerre Mondiale et reviendra au Liban le 21 avril 1919 pour devenir l’associer au sein de ce cabinet d’avocats.

Membre du Conseil représentatif de Juillet 1925 avec Emile Eddé, les 2 hommes commenceront par s’affronter à plusieurs reprises. Béchara el Khoury s’opposera d’abord aux tentatives de réformes du gouvernement d’Emile Eddé dans les années 20. Emile Eddé, alors candidat est battu par la liste concurrente soutenue par le banquier Henri Pharaon, lui même apparenté à l’épouse de Béchara Khoury, Laure Chiha.

Devenu magistrat, sous le mandat de Charles Debbas, Béchara el Khoury sera nommé Ministre de l’Intérieur du gouvernement d’Auguste Adib en 1926 avant de devenir le Premier Ministre des  gouvernements du 5 mai 1927 au 10 août 1928 et du 9 mai au 11 octobre 1929.

Durant son mandat de Ministre de l’Intérieur, il adoptera l’Hymne National du Liban composé par Rachid Nakhlé. Devenu Premier Ministre, il oeuvrera en faveur de réformes administratives, notamment avec la réduction du nombre de fonctionnaires dont la charge est l’une des plus lourdes en rapport avec les pays environnants. Il sera désigné début à l’issue des élections de 1929 puis en 1934.

Béchara El Khoury sera ensuite une première fois candidat à la Présidence de la République en 1932, lors de la suspension de la Constitution Libanaise par le Haut Commissaire Français Henri Ponsot suite à la probable victoire d’un Musulman Mohammad el Jisr soutenu par Emile Eddé à cette élection. Il intègrera dès lors l’opposition avec le Parti Al Destour qu’il a créé.

Candidat en 1936 à l’élection présidentielle, il échouera avec 10 voix en sa faveur contre 15 face à Emile Eddé, le poussant encore plus vers une alliance avec les personnalités sunnites d’alors dont Riad el Solh, devenu un de ses amis à partir de 1932. Les 2 hommes estiment que la survie du Liban dépend de l’entente Islamo-Chrétienne qui est contraire aux intérêts de la puissance mandataire française. Cette convergence d’intérêt entre les 2 hommes se matérialisera notamment par le communiqué conjoint du 23 novembre 1936 dans lequel des personnalités différentes appelleront la rue musulmane au calme suite à l’adoption de l’accord Franco-Libanais stipulant l’indépendance du Liban dans les 3 ans à venir et refusant une possible annexion du Pays des Cèdres par la Syrie comme le désirait jusqu’alors la communauté sunnite. Ils oeuvreront ensuite à la formulation du Pacte National dès 1938.

Sans obtenir à nouveau un poste aux responsabilités gouvernementales, Béchara el Khoury sera à nouveau nommé député le 24 octobre 1937 lors des dernières élections précédents le début de la 2ème Guerre Mondiale.

L’Homme de l’indépendance du Liban

Déjà éprouvé par la Première Guerre Mondiale, la population libanaise craint alors qu’une nouvelle famine ne s’installe alors que les prix des principales matières premières flambent et que les stocks de nourriture s’amenuisent. Des troubles touchent alors Beyrouth et les principales villes du Pays. Ferdinand Dentz poussera alors Emile Eddé à la démission et le remplacera par Alfred Naccache

9 avril 1941: Alfred Naccache devient Chef de l’Etat en remplacement du Président de la République Emile Eddé démissionnaire depuis le 4 avril.

8 juin 1941: Les troupes de la France Libre soutenues par les troupes britanniques prennent le contrôle du Liban en réaction à l’utilisation par l’Allemagne d’infrastructures militaires en Syrie et au Liban contre les britanniques basés en Irak. Le Général Catroux aboli le Mandat et proclame l’Indépendance du Liban avant d’être désigné Délégué Général de la France Libre au Levat le 26 juin.

12 Juillet 1941: Le Général Ferdinand Dentz accepte le cessez-le-feu et signera 2 jours après l’armistice.

26 novembre 1941: Alfred Naccache, précédemment chef de l’Etat est proclamé Président de la République.

Le 25 décembre 1941, le Patriarche Arida, devant les délégations de l’ensemble des communautés libanaises appelle à l’indépendance totale du Liban. Le Général Catroux refuse, estimant prématuré cette indépendance tant que dure la IIème Guerre Mondiale. En août 1942, le Général de Gaulle alors en déplacement au Liban dénonce les ingérences étrangères et estime impossible la tenue d’élection législatives tant que durera le conflit.

Le 24 janvier 1943, le Général Catroux rétablie la Constitution Libanaise, nomme Ayoub Tabet nouveau président de la République  et décide de l’organisation d’élections législatives dans les 3 prochains mois. Il sera ensuite remplacé par Jean Helleu. Ce dernier démettra Ayoub Tabet pour le remplacer par Petro Trad.

Dès septembre 1943, est envisagée la candidature de Béchara El Khoury à la Présidence de la République Libanaise, avec le soutien du Général britannique Spears. Cela sera chose faite: le nouveau parlement alors élu, élira à son tour Béchara Khoury Président de la République Libanaise, le 21 septembre 1943.

Le 8 novembre 1943, la Constitution Libanaise est amendée à l’unanimité, les députés Emile Eddé et Amine e Saad s’étant précédemment retirés, avec la suppression des 5 articles relatifs aux droits de la Puissance Mandataire et la modification de 5 autres y faisant référence. Le Langue Arabe est également reconnue comme étant la seule langue officielle.

Le 11 novembre 1943, il est arrêté et envoyé au château de Rachaya avec Camille Chamoun, Riyad es-Solh et des membres du gouvernement. Ils seront transférés à la citadelle de Rachaya. Toujours le 11 novembre, 7 parlementaires (Maroun Kanaan, député du Liban Sud; Henri Pharaon, député de la Béqaa; Saadi Mounia, député du Liban Nord; Mohamad al-Fadi, député du Liban Sud; Saeb Salam, député de Beyrouth; Rachid Beydoun, député du Liban Sud; Sabri Hamadé, président de la Chambre et Khalil Takieddine, secrétaire général du Parlement) s’introduisent dans le parlement en dépit d’un blocus des Forces de l’Ordre et adoptent le drapeau Libanais.

Sa libération le 22 novembre 1943, suite à un ultimatum britannique, deviendra le jour de l’indépendance du Liban.

Le 20 décembre 1943, seront remis les administrations et les services d’intérêts communs. Le Président de la République Béchara Khoury, soucieux de marquer la fin du Mandat Français créera les ministères des Affaires Etrangères et de la Défense et fera adhérer le Pays des Cèdres à la Ligue Arabe en octobre 1944 comme membre fondateur.

Un Mandat marqué par les affaires et la censure contre la Presse

Devenu président du 11 novembre 1943 jusqu’au 18 septembre 1952, il sera poussé à la démission après avoir envisagé de faire prolonger son mandat. .

Béchara el Khoury décèdera le à 73 ans, laissant derrière lui son fils Michel el Khoury qui deviendra plusieurs fois Ministre et qu’on évoque régulièrement comme possible prétendant à la Présidence de la République

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