Alors que les autorités libanaises n’ont officiellement déclaré un état d’urgence économique hier seulement, un rapport de l’Institut de la Finance Internationale (IFI) a indiqué ce lundi s’attendre à ce que le Liban entre en récession en 2019, avec un recul de son PIB de 0.6%.

Cette information intervient alors qu’officiellement, les autorités libanaises ont tablé sur un budget 2019 atteignant 1% en 2019. Le gouverneur de la Banque du Liban (BDL) avait déclaré le mois dernier estimer la croissance économique à 0%.

Lien externe

L’Institut des Finances International
Le lien du rapport (enregistrement nécessaire – en anglais)

Cette récession économique, qui est une contraction de l’activité économique pendant au moins deux trimestres consécutifs, devrait encore aggraver le déficit budgétaire en 2019 et creuser également le déficit public. Le rapport de l’IFI estime que ce dernier pourrait atteindre 151.8% du PIB.

Le rapport publié par l’IFI indique que plusieurs facteurs sont en cause, la corruption, le clanisme et des taux d’intérêts élevés accordés sur les obligations libanaises.

Des réformes qui risquent d’aggraver encore la situation

Parmi les mesures que les autorités libanaises ont adopté hier lors d’un sommet économique, le passage de la TVA de 11% à 15% pour certains produits de luxe, l’augmentation des taxes sur les profits bancaires qui passent de 10% à 11%, l’imposition d’une taxe supplémentaire de 500 LL sur les cigarettes de production locale et de 1 000 LL sur les cigarettes produites à l’étranger, la mise en place d’un taxe modulable selon les hausses ou les baisses du prix de l’essence ou encore le blocage des salaires au sein de la fonction publique pour les 3 prochaines années.

Hier également, les autorités libanaises, tout en déclarant un état d’urgence économique, ont mis en place un conseil d’Urgence Économique, et ont refusé tout flottement de la Livre Libanaise alors que le gouverneur de la Banque du Liban avait reconnu que la devise locale était surévaluée.

Parmi les mesures sensées relancées la croissance, la mise en place de projets infrastructuraux pour la somme de 3 milliards de dollars via un partenariat Public Privé et l’application du programme de réforme du secteur de production électrique tout en diminuant les subventions dont bénéficie l’EDL à hauteur d’un milliards de dollars sur les 2 milliards de dollars annuels.

Ces mesures pourraient s’avérer d’autant plus insuffisantes que faute de croissance économique et pire encore en cas de récession, la situation des déficits publics pourrait se dégrader comme le souligne l’IFI.

Deux des trois principales agences de notations ont déjà dégradé les notes des obligations libanaises, Moody’s en janvier dernier, Fitch en août. Standard & Poor’s a accordé un léger répit, maintenant pour l’heure, une perspective négative sans dégrader les notes des bonds du trésor.

Comme déjà précédemment souligné, ces dégradations augmentent le coût des emprunts publics.

Par ailleurs, en dépit des assurances des autorités publiques, des risques de dévaluation de la Livre Libanaise ne sont pas à écarter. Bloomberg notait ainsi que le Spreads – c’est-à-dire l’écart ou le différentiel entre deux taux ou indices de point, ici entre monnaie locale et dollars – était au plus haut depuis 10 ans, démontrant le risque désormais de détenir la monnaie locale ou encore des obligations libellées en livre libanaise.

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